Les grecs
Depuis l’arrivée de PROTIS, marin de Phocée, dans le Lacydon, 600 ans avant notre ère, Marseille a toujours été le centre d’une intense activité maritime. Bien avant le Port Autonome, les grecs d’abord, les romains ensuite, y ont maintenu un important port de commerce, bien abrité et bien défendu par de solides murailles.
Les fouilles archéologiques de la Bourse et de la place Jules Verne derrière la mairie ont révélé non seulement l’étendue du port antique, mais surtout la complexité et l’importance de ses activités portuaires. Pas moins de huit épaves, dont certaines d’un type inconnu à ce jour, ont apporté une moisson considérable d’informations nouvelles sur l’architecture navale. La découverte de cales de halage permettant le tirage à terre pour l’entretien des bateaux apporte la preuve que la réparation navale, activité économique essentielle du Marseille moderne s’appuie sur 26 siècles de tradition ininterrompue.

Un astronome et des marins à la découverte du monde
Pythéas le Massaliote, avant d’être un marin légendaire, fut d’abord un astronome. A l’aide du « gnomon », obélisque gradué au centre d’une place au sol également marqué, il fut le premier à établir avec précision le pôle céleste, la dimension de la terre, l’inclinaison de son axe de rotation et la latitude. Grâce à lui, Marseille sera la première ville au monde dont la latitude sera connue avec précision. Il fut l’initiateur d’une longue tradition d’astronomie à Marseille qui, à travers Guillaume de Sylvabelle puis Urbain Le Verrier et son télescope a donné naissance à l’Observatoire Astronomique de Marseille Provence exploitant les techniques les plus modernes.
Lors de son fameux périple vers Thulé, il fut le premier à faire le rapport entre le cycle des marées et les phases de la lune, à décrire le soleil de minuit, à affirmer que la terre est ronde et à en estimer le tour. Il fut ainsi le précurseur des cartographes marseillais réputés et l’initiateur des recherches en hydrographie et océanographie qui se poursuivent encore.
Pythéas est parti vers le nord, sur la route du cuivre, de l‘étain et de l’ambre. En franchissant les colonnes d’Hercule, concurrençant ainsi les carthaginois, il a témoigné de l’audace et de la compétence des marins marseillais qui n’ont cessé depuis d’ouvrir des routes commerciales bien au delà des confins de la Méditerranée. Après les voyages d’exploration du père Feuillée et du capitaine Blancard, les marins et armateurs marseillais du XVIIIème puis du XIXème siècle ont fait de Marseille la tête de ligne des routes vers l’Afrique, l’Orient, l’extrême Orient, l’Amérique du Sud et le Pacifique et Antoine Roux et ses fils, peintres portraitistes marine, porteront dans le monde entier la célébrité des pavillons marseillais.

La médecine tropicale
Mais le succès commercial a sa rançon. Un navire, le Grand Saint Antoine, apporta la peste à Marseille en 1720, faisant plus de 100000 morts. La peste, véhiculée par les rats, passagers clandestins des bateaux, est un fléau – toujours actuel – qui a été un lien tragique entre tous les grands ports. En établissant une politique sanitaire stricte, un port de quarantaine à Pomègue, dans les îles du Frioul, puis en y construisant l’Hôpital Caroline, Marseille a une longue tradition de lutte contre les épidémies, lutte qui se poursuit actuellement avec l’Institut de Médecine Tropicale du Pharo puis le nouvel institut de La Timone.

Un arsenal, conservatoire des technologies avancées
De 1665 à 1748, Marseille fut aussi la capitale des galères du Roi de France, avec un arsenal abritant une quarantaine de galères et des milliers de prisonniers galériens forçats, qui ont en particulier contribué de façon décisive à la lutte contre la peste. Au sein de cet arsenal se trouvaient rassemblés tous les savoirs de l’époque utiles a la construction et l’armement des galères, de la charpente de marine à l’astronomie, en passant par la médecine, la botanique, la métallurgie, la sculpture, la cartographie. Marseille a été capable de construire la seconde galère Réale en une journée grâce à tous les corps de métier présents au sein de l’Arsenal des galères, et elle a eu l’ambition de rivaliser avec les plus grands et plus modernes arsenaux de galères en Méditerranée. Mais le perfectionnement de l’architecture navale, qui a permis d’embarquer de véritables batteries de cannons sur de grands vaisseaux, en a décidé autrement. Il ne reste de ce grand projet portuaire que de beaux tableaux montrant ce qui ne fut jamais réalisé et quelques somptueux éléments de statuaire navale miraculeusement sauvés.
Si les militaires sont parti à Toulon et leur arsenal, symbole détesté du pouvoir royal, a été détruit pour bâtir les quartiers bourgeois, les savoirs maritimes sont resté, profondément ancrés dans la fibre marseillaise. Commerce, science, technologie et réparation navale, belle plaisance, naissance et essor fulgurant de la plongée sous marine. En fait, depuis 2600 ans, Marseille a toujours été résolument tournée vers la mer. A l’heure d’Euromediterranée, c’est une culture maritime qu’il nous faut préserver et transmettre.

Le retour de Protis
Gyptis voile

En Novembre 2013, Massalia a été fière d’aller accueillir dans le Vieux Port GYPTIS, reconstitution archéologique navigante de l’épave historique JV6.

JP. GUERITAUD

Fermer le menu